Bern – Berthoud, de château en château
Au bord de l’Aar, l’Auberge de Jeunesse est un point de départ idéal pour faire des rencontres et reprendre la route. Il y a d’ailleurs, dans cette ville de Berne qui ressemble peu à une capitale, une forme de coolitude assez étonnante. Des vélos innombrables circulent dans tous les sens, les Stammtisch (tables des habitués) débordent à l’heure de l’apéro et, dès que l’on quitte les rues commençantes et les sites touristiques, on croise des ruelles, des échoppes, des escaliers qui descendent en basse ville, un funiculaire. On entend même des cocoricos sous la Coupole fédérale (non, ce n’est pas une métaphore!), les parcs vivent et les nageurs sont portés par le courant. La vie semble facile dans cette anse de l’Aar malgré l’orage qui grondait toujours plus proche.
Et, ce matin, le soleil brillait à nouveau.
Pour éviter de remonter au centre ville, j’ai pris la Route de l’Aar, voie 8, qui traverse le village de Matte et suis partie ensuite directement au nord par la Papiermühlstrasse, direction le Wankdorf, Bern Expo, le Cirque Knie et les centres commerciaux. Je craignais, j’avoue, de me retrouver prise dans le flot des voitures, mais non, c’était encore calme à 9h30 et tout est pensé pour les cyclistes ! Après le gros carrefour de Bern-Wankdorf, j’ai tiré sur la gauche à la hauteur du cimetière israélite pour pédaler sur une vraie route à vélo, entre le train à gauche et l’autoroute à droite, mais en toute sécurité. Puis j’ai retouvé les routes de campagnes.
C’est au niveau de la Berner Fachhochschule que j’ai retrouvé la voie 34, dite Route de l’Ancien régime bernois, qui conduit à Moosseedorf et à l’immense Shoppyland, puis à Urtenen-Schönbühl où la stèle Mozart est joliment mise en valeur, à côté du Restaurant Schönbühl.
Un arrêt café pour vérifier le timing et la route, discuter un peu avec les retraités en E-bike, me rendre compte que l’étape jusqu’à Berthoud était bien courte et découvrir, pas loin, un magnifique château baroque à visiter : petit détour pour tomber sur l’écrin de Jegenstorf. Même si les archives ont brûlé, il est presque certain que Mozart y a séjourné car sa famille avait rencontré en Hollande l’ambassadeur qui vivait dans ce lieu en 1766.
C’est dans ce parc paisible et presque contemporain de Mozart, puisqu’il a été élaboré entre 1758 et 1764, que j’écris en attendant l’ouverture du musée.
Un intérieur richement meublé, parfois peu explicite mais tourné vers la vie quotidienne des propriétaire des différentes époques. Notons que c’est ici que le Général Guisan a pris ses quartiers en octobre 1944 pour se rapprocher du front. Un château qui ravira mêmes les enfants.
Certes Berthoud (Burgdorf) n’est pas sur la route de Mozart, mais je tenais à visiter le musée et à dormir dans cette Auberge de Jeunesse ouverte en juin 2020 : le détour vaut vraiment la peine ! La route depuis Jegenstorf n’étant pas réservée aux vélos, je me suis concentrée pour arriver le plus vite possible et découvrir cette bourgade où je n’étais encore jamais venue.
L’imposant château domine la plaine et rappelle à tous la puissance bernoise.
Il faut voir ce musée incroyable, se perdre dans les étages et prendre le temps de la curiosité pour découvrir des pépites dans cet amoncellement d’objets très bien scénographiés, comme la collection de Henri Schiffmann, ancien élève de l’Ecole de Commerce de Lausanne (actuel Gymnase de Beaulieu), globe-trotter tuberculeux, décédé trop jeune de la malaria à Ouchy et qui élevait deux jaguars dans sa villa Joli Site à Lausanne.