2ème semaine – Heimweh

Etienne écrit. Vous comprendrez pourquoi je le précise…

Quel rapport entre l’art égyptien, l’art grec et la Renaissance ?
Les visages ?

Non, les seins, la même poitrine parcourant des millénaires, étonnant non ?

Cela dit, le Kunstmuseum est une merveille au cœur de Vienne, un musée d’art et d’histoire qui rassemble une multitude de tableaux italiens, néerlandais et espagnols du XVIe au XVIIIe. Une profusion de statues, de tableaux, de bijoux. Des automates à la gloire des empereurs et partout la figure de Leopold, empereur Habsburg du Saint Empire romain-germanique de 1658 à 1705. Une pièce réunit dix Velasquez sur la centaine de tableaux produits par le peintre.

Sans compter un véritable café viennois où déguster des dizaines de cafés.

Mais rien de tel qu’un morceau de Gruyère acheté à prix d’or au Nachemarkt pour soigner le Heimweh.

Pertes

J’adore le Jungendstil, rencontre de deux civilisations, européenne et japonaise. J’adore l’Art nouveau, les bouches de métro parisien, les lampes tulipes et surtout les œuvres de Klimt. A sa mort, une famille a acheté sa maison/atelier proche de Schönbrunn et l’a « encapsulée » dans une maison plus grande, comme un sarcophage. Dimanche, sous la douceur d’un beau soleil d’automne, nous avons eu la chance de la visiter.

Une fois dans la demeure, un sentiment de perte vous submerge : atelier de l’artiste laissé en l’état, tableaux inachevés sur leur cimaise, œuvres confisquées par les Nazis, puis détruites dans un incendie. Surtout perte de tant de vies : des modèles, des mécènes, des gens dont le seul tort était d’être juifs. Ne restaient que des traces, portraits de familles disparues, tableaux perdus dont restent des images en noir et blanc.

A Woman in gold (La Femme au tableau)

Si vous avez le temps, regardez le film sur le combat de Maria Altmann contre l’état autrichien pour récupérer des toiles volées à sa famille par les Nazis lors de l’Anschluss, dont le merveilleux portrait de sa tante, Adele Bloch-Bauer.

Le retour s’et fait par le parc de Schönbrunn.

Tout est relatif

Einstein n’a pas vécu à Vienne, par contre un bistrot proche de l’Université, célèbre pour ses Wiener Schnitzel, porte son nom. Comme il faisait beau, j’ai profité d’une balade dans la campagne viennoise qui ressemble à se méprendre à la campagne vaudoise, verte et vallonnée. En passant le col de Riederberghöhe (417), je m’imaginais pédaler sous la gare de Lausanne. Le retour s’est fait par la même route que notre entrée à Vienne il y a 10 jours, avec une vue magnifique de la DonauStadt et la Donauturm.

StaatsOper Wien

Le bâtiment sur le Opernring abrite l’opéra de Vienne qui donne un spectacle différent tous les soirs. Le catalogue 2022-2023 présente les grands classiques: Tosca, la Flûte enchantée, la Traviata mais également des œuvres plus confidentielles. C’est surtout une institution : à l’opéra, on s’habille classe, on laisse son manteau à la garde-robe, on boit du vin aux entractes. Surtout on applaudit quand il faut, ni trop ni trop peu. Cela dit, même au poulailler, nous bénéficions d’une traduction simultanée en français et à la pause, nous profitons de la vue sur Vienne depuis la balcon.

Basquiat à l’Albertina

C’est la vie d’un jeune noire né en 1960 qui s’est brûlé les ailes durant sa courte vie. Un artiste adulé par la critique qui commenca comme taggeur dans le New-York en faillite morale et financière, pour terminer sous les projecteurs de Sotheby’s. La lutte et la vie de Basquiat m’ont plus touché que son oeuvre. Reste un des premiers artistes noirs exposés dans des prestigieux musées et valant aujourd’hui des centaines de millions de dollars pour le bonheur des galeristes.

Le Musée Albertina possède également une collection permanente de peintures du fin 19ème début 20ème, mais sans l’école viennoise. Des Picasso, Monet, Renoir, Degas, Cézanne, Toulouse-Lautrec, Gauguin et même des Dürer dans les appartements.

La Boucle se boucle

Pour ma dernière journée à Vienne, j’ai décidé de profiter de la météo pour découvrir le RadWeg zu Kiedering, un village de banlieue proche de l’aéroport. Le chemin évitait les routes et longeait une sorte de canal, très beau mais un peu puant. Après un Strudel, nous nous sommes retrouvés avec Isabelle pour une balade le long du Danube. Sans les valises et l’appréhension de l’arrivée, la route nous semblait légère.

Arrivé à Salzburg le 16 octobre, Etienne m’a accompagnée dans un paysage de lacs puis le long du Danube. A Vienne, tandis que je jouais la bonne élève, il cherchait les voies qui mènent dans la nature, pour fuir ce brouillard qui nous écrasait certains jours et retrouver cette liberté du voyage. Plus facile, en réalité de se lever chaque jour avec le projet d’aller d’un point A à un point B, plutôt que de rester enfermé sous un couvercle et tourner dans la ville.

Demain, il s’en va, travailler à 120% pour le dernier mois de sa vie. En principe.

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