Vienne, premiers jours
Etienne prend la plume pendant que j’étudie.
Vienne s’est enfin découverte à nous, on y arrive par une langue de terre entre les deux berges du Danube, la DonauIinseln. On se croirait en pleine campagne mais les tours de Donaustadt nous rappellent que nous approchons de la civilisation. Nous y sommes sous le soleil exactement !
La saga des air tags
Isabelle n’est pas trop technophile et n’aime pas les gadgets, par contre moi si ! Mais on s’aime quand même. Grâce à des air tags judicieusement placés, nous avons pu récupérer nos bagages à la poste, et surtout un vélo volé durant 5 minutes à la gare de Vienne, mais retrouvé très rapidement ! Puis police, pompiers, police scientifique, dépôt de plainte et 4 heures passées avec nos amis de la maréchaussée.
Retour à la civilisation
Vienne, c’est trois cercles[1], le centre-ville dans le Ring. Musées, touristes, monuments, touristes, rues piétonnes, touristes, boutiques hors de prix, touristes, concerts et opéras pour touristes. En dehors du Ring, un deuxième cercle où les gens normaux vivent, avec des magasins de proximité et de beaux parcs. Finalement, un troisième cercle où la banlieue se dissout dans la campagne, malheureusement avec les habituelles verrues, autoroutes, centres commerciaux et voies ferrées.
1er novembre – Cénotaphe
Un cénotaphe est un monument funéraire élevé à la mémoire d’une personne ou d’un groupe de personnes et dont la forme ou l’ornementation rappelle un tombeau, mais qui ne contient pas de corps. Vienne a été dure avec Mozart, enterré comme un chien dans une fosse commune, son corps perdu à jamais. Pourtant, chaque soir, Vienne célèbre Mozart, des rues portent son nom et des sosies du génie interpellent le passant devant tous les monuments.
Le carré 32 du « Wiener Zentralfriedhof » est dédié à la musique. Les tombes de Beethoven, Brahms, Strauss, Schubert entourent le cénotaphe de Mozart, comme pour rendre, un dernier hommage au plus grand des musiciens. Et même si ce ne sont que des pierres, une intense émotion se dégage de ce lieu si paisible.
Beaucoup de tristesse dans les allées en ce dimanche de la Toussaint. Plus loin, en dehors du carré des Ehrengräber, nous verrons encore la tombe de Schönberg – ce carré justement – et le monument pour Czerny.
Oberlaa, la ville à la campagne
« L’homme aime tant l’homme que, quand il fuit la ville, c’est encore pour chercher la foule, c’est-à-dire pour refaire la ville à la campagne« .
Charles Baudelaire l’a écrit, Vienne l’a fait à Oberlaa, ville des champs en bout de ligne de métro U1, siège des « Therme Wien » qui rappellent les bains d’Yverdon. C’était le rendez-vous des familles en ce jour férié. Les jets d’eau chaude massaient nos corps endoloris, un vrai petit bonheur.
1900-1930, le choc
Matinée consacrée à la visite de la « Narrenturm », la tour des fous, proche du musée Freud et reconvertie en musée d’anatomie pathologique. Après 15 salles consacrées à notre malheureuse condition humaine, je vous fais grâce des bubons, tenias, pustules et kystes. Un peu de repos au soleil s’imposait avant la visite du MAK, musée des arts appliqués.
L’empire austro-hongrois est un des grands perdants de la guerre 14-18. Cette boucherie a stoppé net le mouvement Art nouveau et la Sécession. D’un coup, le monde est devenu beaucoup plus dur, plus aride. Les grandes lignes droites ont remplacé les courbes. Reste les œuvres du début du siècle, toujours si pures.
Le 3 novembre – 25 km
25 km, c’est la distance nécessaire pour retrouver une nature quasi intacte, rouler sur un chemin de feuilles mortes, voir des fermes et des moutons. Vienne possède une voie de sortie « royale » passant par Schönbrunn le long du canal de la Wien la rivière éponyme de la ville. On y arrive à Untertullnerbach et son lac et on quitte le goudron pour la forêt, magique par cette belle journée d’automne.
[1] Ndlr. Goûter aux cercles de Vienne, c’est vivre l’inverse de La Chute de Camus qui se situe dans les cercles infernaux d’Amsterdam, référence aux Enfers de Dante.