Salzburg-Linz, entre les lacs jusqu’au Danube
Direction nord-est pour cette avant-dernière section du voyage : cinq jours à respirer la nature avant de visiter Linz.
Quittant Salzburg sous le soleil pour rejoindre le Danube, nous avons pris la direction du Salzkammergut, région des lacs dont on dit que chacun a sa couleur.
Premier sommet à 752 m et détour par le Fluchtersee, nom de l’oeuvre composée par Johanna Doderer, compositrice actuelle découverte à Salzburg.
Un coup d’oeil sur le turquoise du Wolfgangsee, le plus touristique, avant de passer vers le noir Krottensee.
Etape à Mondsee et sa Basilique décorée, lieu du mariage dans La Mélodie du Bonheur (Sound of Music).
Matinée suivante qui débute par le merveilleux Irrsee, aux couleurs de l’arc-en-ciel et dont les reflets sont pures illusions.
Pour ne pas nous ennuyer à suivre la rive, nous décidons de faire le trajet long pour rejoindre la voie romaine à Frankenmarkt. Du vert, beaucoup de campagne, des tracteurs qui purinent, des montées et aucun bistrot (nous apprendrons que certains sont fermés en raison de l’augmentation faramineuse du prix de l’électricité…).
Enfin, après 50 kilomètres éprouvants, repos au bord l’Attemsee, cher à Klimt qui y passait ses étés. On comprend alors son goût des reflets et des ors.
La pluie a délavé les couleurs de l’automne et, pour cette troisième journée, nous suivrons le Römerradweg, à plat, heureusement, pour nos jambes fatiguées. Les pêcheurs patientent et les tournesols osent encore lever la tête avec arrogance.
Pour pique-niquer, on s’installe dans le Biergarten déserté, sourire aux lèvres et le nez plein des odeurs de l’automne.
Etape à Wels où tout est couleur. La ville en a fait sa signature.
Départ dans la fraîcheur du matin.
C’est en logeant le Traun sur une trentaine de kilomètres que nous arriverons à Linz, pour découvrir une ville énergique et féconde. Arrêt sur la Hauptplatz, la plus grande d’Europe, puis visite du Schlossmuseum pour goûter à la vue et entrer dans l’histoire de la région.
Dans ce labyrinthe à remonter le temps, quelques trouvailles, comme la recette initiale de la tourte de Linz, la belle Emancipée de J. B. Reiter, ces tableaux actualisés en quête d’empathie ou la version du Mondsee (1988) revisité par H. Fronius.
Visite nocturne au Lentos Museum, avec une expo consacrée au graphiste, peintre et designer Herbert Bayer (1900-1985) et un tour de la collection avec des pépites de Klimt et Schiele.
En route pour Vienne, Mozart passa par Linz en 1783. N’ayant de partition dans ses bagages pour remercier son hôte, le comte Thun, il composa en 4 jours la Symphonie N° 36 dite « Linzer » que l’orchestre exécuta quasiment à vue.
Fidèle à son destin d’enfant prodige, Mozart nourrit le mythe qu’il devint au 19eme siècle, comme le montre ce « Mozart à l’orgue d’Ybbs » d’Heinrich Lossow qui date de 1864.
Magnifique et étonnant Mariendom construit en 1862 dans un style néogothique pour être la plus grande cathédrale d’Autriche : espace encore embelli par l’orgue qui répétait du Vierne et du Frank. Plus près du centre, la Minoritenkirche et ses marbre roses reflète bien les charmes de Linz.
Le rose est d’ailleurs la couleur officielle de toute la communication de la ville.
L’esprit de Kepler, qui a enseigné et élaboré une partie de ses théories sur le mouvement des planètes à Linz, habite la ville et, dans la cour intérieure du Landhaus, la Fontaine des planètes, représentation erronée du système solaire, fut baptisée en son honneur.
La science et l’art étaient réunis à l’OK Linz – Offene Kulturhaus dans deux expositions interactives. Assez drôle de voir Mozart traverser le temps pixelisé en version Mindcraft, et plutôt géniales ces installations de Christa Sommerer et Laurent Mignonneau qui évoluent comme des écosystèmes naturels en intégrant le visiteur. Programmation et réflexion écologique, enjeux actuels.
Troisième personnalité de la ville après Kepler et Mozart, Bruckner, organiste de la cathédrale pendant 12 ans, de 1856 à 1868, a laissé son nom à plusieurs lieux de musique dont la Anton Bruckner Privatuniversität, vivier musical de renom, ouvert et coloré. Le concert de ce vendredi nous a permis de découvrir de jeunes musiciens talentueux dans des œuvres de compositrices méconnues : avec les Grandes Variations sur un thème du Comte Gallenberg, Louise Farrencs (1804-1875) déployait tout l’art du piano qu’elle maîtrisait parfaitement. Hauboïste et très polifique, l’Anglaise Ruth Gipps (1921-1999) a composé un Concerto pour cor, Op. 58 très cinématographique, tout comme cet Appalachian Spring de son contemporain américain Aaron Copland (1900-1990).
Et, avant de monter à l’université Bruckner, nous avons pris nos vélos pour aller voir les graffitis sur les hangars du port.
Dès demain, le Danube sera notre guide.
Bonjour Isabelle et Etienne, BRAVO pour votre tonique voyage plein de découvertes majeures du grand art ! Que de se propulser à coup de manivelles pour passer de l’aujourd’hui au temps de jadis, sont des moments merveilleux que nature humaine a peut-être oublié (?) Les chemins se croisent au propre comme au figuré et combien s’émerveille celui qui en selle se prend au jeu de se perdre dans le temps et souvent dans l’espace. Ce sont certainement les moments où l’on pourra se dire d’avoir la tête « bien » sur les épaules !!! Etre là, dans son corps et son esprit. Merci pour ce beau moment d’évasion. Amitiés
Merci, Sylviane, pour ces mots qui disent exactement mon sentiment. Tu l’as aussi vécu.
Tes photos avec neige et soleil sont superbes ! Vienne reste Vienne avec son ambiance festive et la MUSIQUE qui t’aura fait rêver ! … et nous avec ! Nous serons ce soir sur ORF2 !
Quelle belle fin d’année ! Passez un Beau Noël en famille !
Tes parents