Notes de voyage – le Reiseklavier de Mozart

Aarburg, le 8 août 2022

Si, comme le soutient le neuropsychologue Bernard Lechevalier[1], le voyage a forgé le cerveau du génie, c’est en écoutant la sonorité du Reiseclavier, ce clavicorde de voyage que Leopold a acheté à Ausgburg et fait transporter durant tout le voyage en Europe que l’on saisit pleinement l’essence de la musique de Mozart.

« Mozart a passé un tiers de sa vie sur la route, à donner des concerts, à composer, toujours au travail et accompagné de son instrument. Mais quel était donc ce « piano », adapté aux calèches tant par ses dimensions que par sa robustesse ? Le piano de voyage original de Mozart n’est plus jouable, mais le professeur Alfons Huber de Vienne, une sommité dans le domaine de la restauration et de la conservation, en a reconstruit une copie fidèle à l’original, qu’il fait voyager dans une « diligence Intercity » actuelle en provenance de Vienne. » (Ch. Kunz, mozartweg.ch, trad. deepl)

le Reiseklavier reconstruit par le Prof. Alfons Huber

La délicatesse des sonorités, ce toucher presque retenu et timide, j’ai pu l’entendre sous les doigts du Prof. Johann Sonnleitner, éminent cymbaliste, professeur aux conservatoires de Zurich et de Bâle et interprète de musique ancienne sur instruments d’époque, associé à une présentation détaillée et passionnante du Prof. Dr. Alfons Huber en personne.

Ce tintement fragile et si musical, en réalité, assez proche de la cithare ou du hackbrett, instrument typique du pays d’Appenzell, a accompagné Mozart dans les moments d’études, de travail acharné, mais aussi dans ses fulgurances créatives.

Un merveilleux concert organisé par Christina Kunz, présidente de l’association Mozartweg qui a ouvert la soirée avec ces mots:

H. Hesses, „Glasperlenspiel“

Josef Knecht sagt zu seinem Freund Ferramonte : «Jetzt aber sollst Du in den Schlaf noch ein Ohr voll Musik mitnehmen. Der Blick in den Sternenhimmel und ein Ohr voll Musik vor dem Zubettgehen, das ist besser als alle deine Schlafmittel.“ Er setzte sich und spielte behutsam, ganz leise …

Wie Tropfen goldenen Lichtes fielen die Töne in die Stille, so leise, daß man dazwischen noch den Gesang des alten laufenden Brunnens im Hofe hören konnte. Sanft und streng, sparsam und süß begegneten und verschränkten sich die Stimmen der holden Musik, tapfer und heiter schritten sie ihren innigen Reigen durch das Nichts der Zeit und Vergänglichkeit, machten den Raum und die Nachtstunde für die kleine Weile ihrer Dauer weit und weltgroß, und als Josef Knecht seinen Gast verabschiedete, hatte dieser ein verändertes und erhelltes Gesicht und zugleich Tränen in den Augen).»

H. Hesse, « Jeu des perles de verre »

Josef Knecht dit à son ami Ferramonte : « Mais maintenant, tu dois emporter dans ton sommeil encore une oreille pleine de musique. Le regard dans le ciel étoilé et une oreille pleine de musique avant d’aller se coucher, c’est mieux que tous tes somnifères ». Il s’assit et joua délicatement, très doucement …

Les notes tombaient dans le silence comme des gouttes de lumière dorée, si doucement qu’on pouvait encore entendre entre-temps le chant de la vieille fontaine en marche dans la cour. Douces et sévères, parcimonieuses et douces, les voix de la belle musique se rencontraient et s’entrecroisaient, courageuses et sereines, elles menaient leur ronde intime à travers le néant du temps et de l’éphémère, rendant l’espace et l’heure de la nuit vastes et grands comme le monde pour le peu de temps qu’ils duraient, et lorsque Josef Knecht prit congé de son invité, celui-ci avait le visage changé et illuminé et en même temps des larmes dans les yeux) ».

(Traduit avec www.DeepL.com)

Pour en savoir plus : Kunsthistorisches Museum Wien

La soirée s’est poursuivie à Aarburg en toute cordialité.


[1] Bernard Lechevalier, Le cerveau de Mozart, Ed. Odile Jacob, 2003, p. 224.

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